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UNE AMITIÉ DE BALZAC
CORRESPONDANCE INÉDITE [1]

VI [2]

Le séjour de Balzac à Vienne a duré près d’un mois. Le 12 juin 1835, le romancier, de retour à Paris, a repris sa tâche interrompue.


Il m’est impossible, écrit-il à Mme Carraud, de venir avant d’avoir fini Séraphita. Je vous écrirai un petit mot quelques jours avant mon arrivée. Mille tendres amitiés à vous et à Borget ; rappelez-moi par un baiser à Ivan et par une poignée de main au commandant.


Mme Carraud, peu satisfaite, réplique le 10 juillet :


Vous êtes sans pitié, Honoré, depuis bientôt un an que vous nous bercez de l’espoir de vous voir ; vous ne tenez aucun compte de ces alternatives dans lesquelles vous nous laissez ; on dirait que vous vous êtes donné pour tâche d’exercer nos facultés sensitives.

Au premier sourire du printemps, j’ai compté sur vous pour jouir de mes arbres en fleurs, de mes plantes privées ; puis j’ai encore espéré que vous vous laisseriez asphyxier par mes magnifiques lilas ; puis enfin je voulais que vous admirassiez mes roses. Mais vous avez couru le monde, sans songer que Frapesle en fait partie. Vous écrivez que vous allez venir, et quand nous avons bien accueilli celle certitude, vous la détruisez ; c’est mal,

  1. Copyright by Marcel Bouteron, 1922.
  2. Voyez la Revue des 15 décembre 1922, 15 janvier, 1er février, 1er mars, 1er avril 1923.