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LE JOURNAL
DE
PHILIPPE BAUCQ
FUSILLÉ AVEC MISS CAVELL

Aux yeux du monde entier, le procès d’Édith Cavell symbolise la justice et les méthodes de guerre allemandes dans ce qu’elles eurent de plus exécrable. De même que miss Cavell et son héroïque compagnon, l’architecte belge Philippe Baucq qui tomba en même temps qu’elle au champ d’honneur, pour des raisons identiques, personnifient l’idée du droit foulé aux pieds par la force brutale, leur procès et leur exécution incarnent devant l’histoire le système abominable appliqué par les envahisseurs allemands pendant la guerre…

Je venais de publier, d’après les documents inédits de la « justice allemande » le récit du fameux procès[1] dont la répercussion fut incalculable sur l’attitude des Anglais, je venais de vivre les heures émouvantes de cette tragédie nationale des peuples de l’Entente, — Anglais, Belges et Français furent en effet impliqués dans l’affaire, — quand j’éprouvai le besoin irrésistible de voir les lieux sacrés où s’était déroulé le drame. J’entrepris donc le pèlerinage de Bruxelles, je visitai la prison de Saint-Gilles qui dresse ses murs crénelés et ses donjons moyen-âgeux dans le faubourg du même nom, je pénétrai avec émotion dans la cellule de miss Cavell transformée en chapelle du souvenir, ornée d’une photographie de la nurse martyre, de

  1. L’Affaire miss Cavell (Plon-Nourrit).