Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/720

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UNE ENQUÊTE[1]
AUX
PAYS DU LEVANT

VII[2]


DE BANIAS À MARQAB

Si pressé que je sois d’aller à Khawabi, il faut que je monte au château de Marqab, à une distance de deux heures de cheval.

El-Marqab, la Vedette, selon les Arabes, — Castrum Merghatum, d’après les Chroniqueurs des Croisades, — un des fiefs de la principauté d’Antioche et le séjour du Grand Maître des Hospitaliers. C’est une place d’armes formidable, qui commande le rivage et qui déjà semble appartenir à un autre système que le monde mystérieux des Ansariés, dont elle est séparée par une profonde vallée. J’y vais monter en maugréant, car je sors du domaine de mon imagination ; je m’éloigne de mes Hashâshins : le savant M. G. Rey affirme que cette place est une création des Byzantins. Il est vrai que Stanislas Guyard le contredit et affirme que Marqab a été fondée par Rachid-eddin Sinan. Mais M. Rey, en me donnant un doute, a gâté mon plaisir. .

D’ailleurs, pour dire vrai, je ne pense plus qu’à aller causer du mystérieux Aga Khan avec les Ismaéliens de Khawabi et à vérifier un pressentiment qui m’obsède. Il ne me suffit plus de

  1. Copyright by Maurice Barrès, 1923.
  2. Voyez la Revue des 15 février, 1er et 15 mars, 1er avril, 15 mai et 1er juin.