séparée sans rien conclure : un nouveau projet de contrôle à deux degrés, présenté par les syndicats, avait paru si mal établi, si extravagant, que les délégués n’avaient même pas pu le discuter. Cependant le 6 novembre, à Turin, la direction du parti socialiste constatait, dans une note officielle, que « la question du contrôle ouvrier sur les industries avait été présentée et imposée aux classes ouvrières d’Italie dans une période de trouble économique particulièrement défavorable... Le contrôle, pour être efficace, devait dépasser l’usine et s’étendre à tous les facteurs de la production. Ce n’est que lorsque le pouvoir sera tout entier dans les mains du prolétariat, que celui-ci pourra exercer à son profit et pour ses desseins particuliers le contrôle des industries. Ces desseins se résument tous dans la socialisation des industries, en vue de laquelle le contrôle n’est qu’une première et indispensable étape.
Puis, lentement, tout s’arrangea. La production avait diminué dans des proportions effrayantes ; les ouvriers s’inquiétèrent. Leurs commissions se débrouillaient difficilement dans l’énorme paperasse que les industriels soumettaient à leur examen. Des compromis intervinrent. Ayant obtenu ce fameux droit de contrôle, qu’ils n’avaient même pas demandé, les ouvriers italiens se soucièrent fort peu de l’exercer, du moins dans la plénitude et dans l’extension qu’avaient établies les projets de leurs syndicats. Les industriels que j’ai consultés m’ont déclaré que le contrôle des commissions, tel qu’il est pratiqué chez eux, comporte moins d’inconvénients graves qu’ils ne l’avaient craint tout d’abord, mais procure néanmoins plus de désagréments à l’entreprise que d’avantages réels aux syndicats. Quant aux résultats moraux et sociaux qu’on avait paru attendre de cette réforme, -— initiation de la classe ouvrière aux divers problèmes de la production et de l’économie nationale, — rien, jusqu’à présent, n’autorise à croire qu’ils aient été atteints, ni même qu’on soit en voie de les obtenir.
Ainsi une initiative qui tendait apparemment à favoriser l’évolution et le progrès du prolétariat ouvrier en Italie, n’avait abouti qu’à ruiner ou à désorganiser la production. On se proposait de « hâter l’avènement des temps nouveaux, » d’ « instituer de généreuses expériences ; » encore fallait-il prendre son temps, choisir son terrain et limiter les frais d’une expérience qui devait être faite aux dépens de tout un pays. Lorsque je