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petits. Elle se fera maîtresse d’école, composera pour les enfants, ces petits livres que les libraires ont vendus par centaines : La petite Jeanne ou le devoir (couronné par l’Académie française), les Veillées de Maître Patrigeon, Le Livre des jeunes filles, les Goûters de la grand-mère, les Métamorphoses d’une goutte d’eau, et bien d’autres, que la Bibliothèque rose a popularisés.

Plus tard, vieillie, presque aveugle, veuve du bon commandant, mort en 1864, attristée par la mort de ses fils, elle terminera doucement sa vie à Paris, auprès de sa bru, en contant des histoires de grand mère à Gaston et à Madeleine ses petits-enfants. Parisienne tardive, elle restera berrichonne de cœur et, de loin comme de près, continuera son œuvre de bienfaisance aux gens de son petit Nohan.

Elle mourra, pleine de jours, le 24 avril 1889, et, le dimanche suivant, à ses obsèques, à Nohan, deux mille personnes suivront en pleurant son cercueil porté par des mains amies. Le 8 août 1886, une délibération du Conseil municipal de Nohan donnera à une place de la petite commune, le nom de sa bienfaitrice.

Telle fut la « dame du Berry, » l’amie la plus chère de Balzac. Puisse la publication de ces lettres faire mieux connaître la pure amitié qui tint si large place dans le cœur du romancier et mettre en lumière une des plus nobles figures de femmes qui aient jamais passé dans la vie d’un homme de génie !


MARCEL BOUTERON.