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à proportion. Mais il reste les mines, la force latente des torrents descendant des Andes ; l’exploration de la montagne commence seulement et donne déjà des résultats très encourageants.

En somme, l’Argentine, grande comme les deux tiers des Etats-Unis, peuplée de 7 millions et demi d’habitants, n’a mis en valeur que le huitième de son sol. L’un de ses grands hommes, Sarmiento, a dit : « Gouverner, c’est peupler, » et elle peuple. Sa population double tous les vingt ans, et si cette progression continue, on peut prévoir que ses habitants seront cent millions vers la fin de ce siècle. C’est une nation latine, avec certaines qualités pratiques des Anglo-Saxons, donc un caractère très nettement personnel, qu’accentue encore un patriotisme ardent. Son jeune peuple évolue très rapidement, et se sent attiré vers la France. La forme de civilisation qu’elle représente lui apparaît comme supérieure à toutes les autres.

Telles sont les pensées que nous remuons, tandis qu’à bord d’une canonnière argentine nous glissons sur les flots limoneux vers Montevideo.


Général MANGIN.