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révolution qui devait, six ans plus tard, amener l’indépendance. Ici, depuis quatre générations, s’est déroulée l’histoire de l’Argentine. Ici le Français Jacques de Liniers, au service de l’Espagne, fit capituler en août 1807 le corps expéditionnaire anglais qui s’était emparé de Buenos-Ayres. Tous les épisodes des longues luttes entre unitaires et fédéralistes sont venus se terminer ici. Car voici le Cabildo (l’hôtel de ville), aujourd’hui cour suprême, la cathédrale et« la maison rose, » qui abrite la Présidence de la République et les principaux ministères.

La grande place, cadre magnifique d’une manifestation populaire qui la remplit et qui déborde dans les avenues, les rues adjacentes, les balcons, les terrasses des maisons et du palais : c’est très beau et très émouvant.

Nous entrons dans le grand salon, où bientôt le Président Irigoyen et le ministre des Affaires étrangères Pueyrredon nous rejoignent. Après les présentations et les compliments de bienvenue, le Président me conduit dans un autre salon avec M. Pueyrredon, le ministre de France M. Clausse, et M. Dupeyrat. La conversation prend un tour très cordial, mais sans dépasser les limites d’une extrême courtoisie. Au retour, il semble que la foule ait encore augmenté, que ses rangs soient encore plus denses et ses acclamations plus nourries.

Nous retournons à la Légation de France, où Mme Clausse reçoit en notre honneur les notabilités argentines et françaises avec sa bonne grâce habituelle. Puis au collège des Maronites, les diverses colonies libanaises se sont groupées pour nous accueillir ; je reçois l’assurance d’un dévouement héréditaire et d’une profonde reconnaissance pour la France. J’y réponds en affirmant les sentiments d’affection désintéressée de notre pays pour le Grand Liban. Le général Gouraud guide et protège les premiers pas de ses peuples sur les routes de la Liberté : tous les nationaux libanais trouveront à l’étranger le concours dévoué de nos représentants, au même titre que nos nationaux ; le Gouvernement français m’a prescrit de leur donner cette formelle certitude.

Une visite s’imposait au « Club des Armes, » cercle plus fermé que le Jockey, dont la sympathie pour la cause des Alliés ne s’est pas démentie un seul instant. Puis la soirée s’achève au club français, où nous attend une fête brillante, qui commence par une formidable ovation ; j’ai soin d’écourter ma réponse au