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telle qu’en savent faire les Anglais, quand ils veulent se montrer démonstratifs.

Le lendemain dimanche nous amène dans la chapelle du Collège de la Salle, où Mgr Duprat célèbre la messe. C’était l’un des foyers du patriotisme français, d’où ne cessèrent de s’élever les prières et les vœux les plus ardents pour la victoire. Puis je vais à l’hôpital français poser la première pierre d’un monument élevé aux morts de la guerre, français et argentins ; je salue le monument de l’Alsace-Lorraine, où chaque 14 juillet la colonie française venait se réunir pour prendre conscience des revendications nationales. Je dois remettre aux familles les décorations accordées à titre posthume, croix de la Légion d’honneur, médailles militaires, croix de guerre ; les veuves, les mères, les orphelins s’avancent pour recevoir cet héritage d’honneur et ce geste est profondément émouvant.

La colonie française se réunit dans un banquet populaire d’un millier de couverts, qui me donne l’occasion de lui apporter le salut et les encouragements de la mère patrie, de dire une fois de plus le relèvement consolant de la grande blessée, sa sagesse, et sa modération dans la victoire, ses forces retrouvées, augmentées par le retour des provinces perdues et par l’annexion militaire de ses colonies, qui en font une nation de cent millions d’âmes.

Nous constatons aux courses de Palermo l’enthousiasme de la foule qui nous acclame ; à l’Union des Combattants, je remercie les braves qui ont passé les mers pour aller au secours de la patrie lointaine ; la Légation de France, toute nouvelle, décorée avec un goût parfait, nous accueille en même temps que l’élite du monde argentin.

Le banquet du Jockey-Club est l’occasion d’une manifestation des plus significatives. Nous y retrouvons les membres du Parlement et du gouvernement, les Ministres étrangers, l’armée, la marine, toutes les personnalités marquantes dans la société ; M. Ezequiel Ramos Mexia m’adresse en français un discours de la plus haute éloquence. Bien- que l’Argentine ne se soit pas trouvée dans la bataille aux côtés de la France, « elle a toujours été et restera dans l’avenir sa fille spirituelle la plus dévouée. »

« Ce n’est que l’effet de la gratitude consciente chez les esprits cultivés, réflexe chez tous ceux qui, pendant plusieurs générations, ont subi sans s’en douter les effets moraux et matériels de