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6, 8 septembre. — Nos trois jours de Santiago ont très vite passé. Nous voici roulant en train spécial vers le Sud, à travers la vallée centrale du Chili. Nous voyageons entre la chaîne côtière et les Andes toujours imposantes, au milieu de verdoyantes prairies et de champs fertilisés par une irrigation artificielle. Partout les preuves visibles d’un travail constant, que favorise un régime de grande propriété intelligemment exercé.

A chaque station, la population rassemblée acclame la mission française. Nous devions passer à Talca sans nous arrêter, mais le chef de gare prend sur lui de faire stopper le train, qui est pris d’assaut par des poilus français en uniforme : il faut céder à cette douce violence et descendre pour l’échange de quelques toasts avec les autorités locales et avec les anciens combattants.

Aussi, la nuit est noire quand nous arrivons à Conception, où l’ovation nocturne est particulièrement enthousiaste : Nous dînons au cercle français et je suis reçu dans une bonne famille d’origine française, où m’accueillent onze enfants. Le lendemain, après la visite des établissements français où je vais une fois de plus féliciter et remercier nos religieuses, a lieu la pose de la première pierre du monument destiné à honorer les morts de la Grande Guerre, soldats français et volontaires chiliens, qui sont partis d’ici pour aller combattre sur les lointains champs de bataille. La municipalité a donné un terrain sur une belle promenade publique, où défilent les troupes en grande tenue. Un groupe d’anciens officiers anglais ont repris l’uniforme pour m’entourer pendant cette cérémonie impressionnante.

Mes hôtes me témoignent de la part que toute la population a prise aux événements de la guerre et m’énumèrent les souscriptions pour nos hôpitaux et les fêtes de charité dont on garde en souvenir la photographie des vendeuses chiliennes costumées en Alsaciennes et en Lorraines. Le comité France-Amérique, qui m’a déjà reçu à Santiago, est ici particulièrement actif.

Le Jules-Michelet est à Talcahuano, tout près d’ici, où une entreprise française construit un nouveau port. L’amiral