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traité de Versailles, le contribuable allemand reste beaucoup moins imposé que le contribuable français. Est-ce juste ? Peut-on s’étonner que notre président du Conseil parle de mettre la main au collet d’un débiteur récalcitrant dont la mauvaise foi est évidente ? Il m’a paru que cet exposé, un peu à bâtons rompus, fait sans exagération, en indiquant au contraire que si nous faisions assez bien maintenant, nous comptions faire beaucoup mieux demain, produisait quelque impression.

J’ai visité les établissements d’instruction et de bienfaisance où nos religieux et nos religieuses se livrent comme partout aux mêmes bonnes œuvres avec le même succès. J’ai remarqué surtout les ateliers des Frères de la Doctrine Chrétienne et admiré particulièrement l’action de Pères assomptionnistes, manieurs de foules, qui n’ont cessé pendant la guerre d’organiser des manifestations françaises et de tenir en éveil la sympathie des Chiliens pour la cause de l’Entente.

Un détachement des trois armes m’a été présenté sur le terrain de manœuvres et avait très belle allure. L’Ecole de cavalerie soutient les excellentes traditions de son corps, qui a joué, pendant la longue guerre de 1881-1887, le rôle le plus brillant ; les officiers élèves montent hardiment d’excellents chevaux. L’Ecole militaire rappelle beaucoup l’Ecole navale. Traditionnellement, le Chili entoure son armée et sa marine d’une affection éclairée ; à l’occasion de ma visite, les portes de l’École militaire se sont ouvertes largement aux familles des élèves, qui parcourent les salles d’études et les dortoirs et constatent l’ordre et l’hygiène qui y règnent.

Toutes ces réceptions nous promènent dans la capitale, largement percée d’avenues qui ont pour perspective l’imposante chaîne des Andes. Pourtant, quelques anciens quartiers ont des rues un peu étroites pour la circulation intense qu’y amène tout un peuple, visiblement affairé. C’est une ruche au travail. Pas de flâneurs, ici, me dit-on, et le fait de s’arrêter pour me regarder passer est à lui seul une manifestation tout à fait insolite. À cause des tremblements de terre, la ville est bâtie en maisons très basses ; aussi est-elle de très grande étendue ; les nouveaux quartiers disposent de voies très larges, mais les ressources manquent encore pour les entretenir : Paris non plus ne s’est pas fait en un jour. — Quelques beaux monuments prennent toute leur valeur au milieu des rez-de-chaussée et des