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Craigh en Angleterre, Bakst en Russie, Antoine et Copeau en France. Il ne faut pas, selon l’heureux mot de Saint-Evremond, qu’on divertisse « l’esprit de son attention au discours », ou qu’on étouffe l’intérieur sous l’extérieur. Celui-ci ne doit plus être que suggéré par des lignes sobres et des détails évocateurs.

D’autre part, à l’Odéon, M. Antoine restaura la technique du moyen âge pour Roméo et Juliette, en montrant d’une façon permanente aux yeux des spectateurs, d’un côté la maison des Capulets, de l’autre la maison des Montaigus, tandis qu’une arrière-scène, fermée comme une mansion par un second rideau, était réservée aux changements de décors indispensables : combinaison ingénieuse et déjà employée à Oberammergau, des deux principes de la mise en scène successive et de la mise en scène simultanée. Celle-ci avait été la vraie formule du mystère qui, sur la place publique, sous le chaud soleil de juillet, faisait frissonner de tendresse et d’exaltation une foule à l’âme unique, d’autant plus anxieuse et fervente, qu’elle voyait se dérouler devant elle le drame même de sa destinée éternelle.


GUSTAVE COHEN.