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LE LIVRE DU RÉGISSEUR
POUR LE
MYSTÈRE DE LA PASSION


De généreux esprits ont, de notre temps, poursuivi ce rêve d’un théâtre populaire créant une communion plus étroite entre le spectateur, l’acteur et le monde, sur une scène qui serait, en quelque sorte, un microcosme. Cette communion, ils n’ont pu l’envisager que sous un libre ciel et non dans les limites étriquées d’une salle. Quelques tentatives isolées ont été faites en Angleterre, en Amérique et en France, mais, le cadre créé, on a été quelquefois embarrassé pour le remplir, parce que manquent les pièces modernes capables de provoquer le grand frisson qu’il appelle. Le plus souvent, on en est réduit à des essais de résurrection de la tragédie antique ou du mystère médiéval, et ceci n’est pas étonnant, si l’on songe que, deux fois au moins dans l’histoire littéraire de l’humanité, l’ambitieux rêve dont nous parlions, a été réalisé : dans la Grèce du Ve siècle avant notre ère et dans la France du XVe.

Ce qu’ont été ces spectacles dans l’église, ou sur la place publique, j’ai tenté, il y a longtemps déjà, et après d’autres, Paulin Paris, Petit de Julleville, Marius Sepet, de le décrire[1], mais je n’avais pas encore entre les mains un manuscrit d’une importance capitale, qui repose à la Bibliothèque publique de la ville de Mons.

Dans quelles circonstances, et à la suite de quelles investigations,

  1. Voir mon Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du Moyen âge. Paris, H. Champion, 1906, in-8o.