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L’EXPÉRIENCE ITALIENNE

I
L’ÉVOLUTION SOCIALE DU PEUPLE ITALIEN

De la formidable épreuve que fut la guerre mondiale, l’Italie était sortie victorieuse, mais, comme la France, affaiblie, et plus qu’elle, inquiète et désorientée. Quatre années durant, de la fin de 1918 à la fin de 1922, la nation italienne vit ses meilleures forces gaspillées, son progrès ralenti, son équilibre menacé par l’effet d’une crise intérieure profonde et violente. Agitation politique, désordres sociaux, troubles agraires, malaise économique et financier, tout conspirait à entretenir en Italie le désarroi et la confusion. Cependant les meilleurs éléments du pays étaient demeurés intacts : confiants dans l’avenir d’un peuple jeune, nombreux, résolu à vivre et désireux de grandir, ils préparaient avec méthode et sans relâche l’effort d’où devait sortir le salut. Ceux qui avaient assuré à l’Italie la victoire sur ses ennemis du dehors, s’étaient juré d’être un jour les artisans d’une autre victoire, plus héroïque et plus décisive : celle que l’Italie, pour remplir sa destinée, devait remporter sur elle-même.

L’expérience qui se poursuit actuellement en Italie mérite d’être étudiée. Les maux dont l’Italie a souffert et dont elle a vaillamment entrepris de se guérir, sont ceux auxquels toute démocratie moderne est exposée. On se propose d’examiner, dans les pages qui suivent, quelques-uns des problèmes que les Italiens virent se poser devant eux sous une forme particulièrement menaçante : du jour où ils ont eu le bon sens et le courage de les affronter résolument, ils n’ont plus douté de les pouvoir résoudre.