et impuissante du passé n’a eu ni sur le prix des marchandises, ni sur le prix du travail aucune espèce d’influence : les frais d’apprentissage d’un cordonnier, qui coûtaient de 100 à 170 francs, plus 10 francs « pour le voile, ou couvre-chef en toile blanche de la maîtresse », n’étaient pas plus chers au XVIIe siècle que de nos jours. De même les ordonnances et tarifs municipaux, — ils furent innombrables, — qui, du Moyen âge à la Révolution, prétendirent régler pour les deux sexes et les divers âges le prix obligatoire des chaussures, ne furent obéis que lorsqu’ils se bornaient à enregistrer les chiffres acceptés par le public
Qu’il s’agisse des chaussures follement effilées à la poulaine ou monstrueusement épatées en pieds d’ours qui leur succédèrent, soit qu’un seigneur commande des houseaux en cuir de Cordoue, qui vont de 24 à 60 francs et valent en moyenne 35 à 40, soit que la Reine (1312) paie des « souliers à courroies » 10 francs, et Mme de La Trémoïlle des « souliers houssés » 8 francs la paire (1396), tandis que des souliers de vaches pour les pauvres (1325) se paient 3 fr. 50, des souliers pour domestiques 6 fr. 50, et que des souliers bourgeois pour hommes, tels qu’Albert Dürer s’en faisait faire à Anvers (1521), valaient environ 7 fr. 50, il semble qu’aux temps féodaux, comme durant la Renaissance, toutes les classes sociales ont pu se chausser à très bon marché.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les souliers ordinaires n’augmentent pas : le duc de Rohan (1619) paie. 12 francs ceux d’un laquais, 10 francs ceux d’un page, 8 francs ceux d’un garçon de cuisine. Les souliers de livrée (1675) sont â 12 francs chez le duc de La Trémoïlle, qui paie ses propres souliers 21 francs et ses pantoufles 8 francs ; cent ans plus tard (1778), pantoufles et souliers revenaient pour le duc de Penthièvre au prix uniforme de 15 francs. A cette époque, les servantes de campagne payaient les leurs de 7 à 9 francs ; chez un notaire rural, un président de parlement, un intendant de province, les chiffres vont de 10 à 12 francs. Au-dessus, ce sont des types exceptionnels ; bottines de cuir doré pour le roi Louis XIII à 21 francs (1625), bottes de maroquin noir pour le même 50 francs, mules élégantes offertes par Mme de Maintenon à sa belle-sœur 25 francs (1679), ou souliers blancs à petites mouches d’or à 32 francs pour une jeune princesse (1781).
On se demande toutefois si les souliers de jadis étaient bien