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(1405), celles d’un marmiton 24 francs (1460), et celles d’un organiste 33 francs (1535).

A cette date où les « bas de chausses, » — on usait déjà de ce terme, — valaient 40 francs en drap rouge, à Orléans, les chausses de soie de Milan, — en tricot sans doute, — montaient à 108 francs. Un demi-siècle plus tard (1586), des « bas » de laine brodés en soie pour la reine Élisabeth ne se vendaient que 63 francs. Les bas de soie se payèrent jusqu’à 150 francs sous Henri IV (1606) ; ils baissèrent à 120 francs sous Louis XIII et valurent de 50 à 70 francs dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Au XVIIIe, ils descendirent de 45 à 20 francs pour les qualités moyennes. Dans le trousseau de mariage de la princesse de Tarente, les bas de soie sont cotés 28 francs (1781) et ceux du duc de Penthièvre « très fins, en organsin de Piémont, » 33 francs (1772).

Mais à côté du bas de tricot se maintint au XVIIe siècle le bas de toile, tel qu’en portait le premier duc de Rohan (1619), et le bas d’étoffe, souvent assez cher, — ceux des Suisses du duc de Savoie étaient de panne bleue, à 28 francs le mètre, doublés de sayette (1700). Dans les inventaires bourgeois voisinaient alors, avec les bas de laine ou de fil à 6 et 8 francs la paire, les bas d’étame ou de drap qui ne se rencontrent plus au siècle suivant que dans les campagnes.. Parmi le peuple se portait aussi la petite chausse, « chaussette » ou demi-bas, soit « à étrier, » soit même « sans pied ; » ainsi les soldats, sous Louis XV, portaient des guêtres au lieu de bas. Les bas de laine communs étaient à mailles assez lâches, ce qui explique les « bas doubles » et les « bas drapés, » pour qui les voulait plus épais, faits « de matière continue et non pas de matière discrète, » suivant la judicieuse expression de M. Peaucelier, docteur-régent du Collège des Chollet, sous Louis XIV.


IV

Notre siècle, où il ne se fait plus de « bas sans pieds, » ne connaît pas davantage l’emploi de la toile en guise de vitres, cette toile, cirée ou non, dont les gens du Moyen âge, « parce que l’on ne pouvait besogner vu les neiges et le vent, » faisaient des châssis de fenêtres médiocrement transparents, mais qui les protégeaient un peu du froid. Remplacée dans cet emploi par le verre, la toile, ce superflu d’autrefois, a vu centupler son