Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

français contre la lettre collective des évêques suédois a eu le plus grand retentissement et vous a fait le plus grand bien… « Et puis, en disant tout cela, — qu’il faut dire en France, — n’oubliez pas qu’en dépit des Allemands et de leur propagande, vous avez, en Suède, de vrais amis. »


Je ne l’oublierai pas. Ma gratitude demeurera fidèle à ceux qui m’ont reçue affectueusement en Norvège et en Suède. Qu’ils en trouvent ici le témoignage !

Mais voici un fait que je raconterai, à titre documentaire :

— J’étais à Gothembourg, dernière étape de mon voyage, Gothembourg est la seconde ville de la Suède, un admirable port dans un admirable paysage, et c’est aussi une ville très moderne, très perfectionnée, où l’Université est un palais, où les hôpitaux sont si confortables qu’on irait s’y faire soigner par plaisir ; où les écoles primaires sont des chefs-d’œuvre. J’en ai visité une, énorme, qui domine de sa masse rouge toute la cité, et qui peut recevoir deux mille enfants. Je reviendrai un jour sur cette visite qui m’a appris ce que peut faire un pays où l’on a, vraiment, le sens de la bonne pédagogie et le tendre amour de l’enfance. J’ai visité aussi le beau musée de peinture et même, par faveur spéciale, l’Exposition en préparation, qui commémorera le troisième centenaire de la fondation de Gothembourg, et qui sera un événement mondial. Toute l’histoire, toutes les industries, tous les arts de la Suède, non pas seulement dans le passé comme au musée, mais dans leur vivace présent, y seront représentés. L’architecture, d’un caractère à la fois très national et ultra-moderne, avec d’immenses surfaces planes et blanches, des hardiesses de couleur imprévues, des voûtes au dessin large et simple, des coupoles bariolées, des sculptures massives et peintes, des pylônes noirs à dessins blancs, pourra être une révélation... Je ne l’ai vue qu’à l’état d’ébauche, comme une grande chose naissante, dans un colossal chantier, et il m’est impossible de dire si elle me plaît, ou si elle mo trouble, car un jugement serait prématuré... Mais elle atteste un effort, une volonté de renouvellement qui méritent la plus haute estime.

Il y a un détail touchant. Pour établir les bâtiments de l’Exposition, il a fallu sacrifier des arbres, On a réduit le sacrifice