Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 15.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méthodes d’enseignement, fut convoqué, à heure fixe, dans un lycée. A son arrivée, on lui annonça que la leçon serait supprimée, celui qui devait la faire étant retenu comme examinateur dans un jury. Le Suédois, furieux de s’être inutilement dérangé, se vengea par une magistrale démolition de l’enseignement français, comparé à l’enseignement allemand...

La création de la bibliothèque scandinave, sous la direction de Lucien Maury, ce grand ami de la Suède, qui la connaît si bien et qui sait la faire aimer ; la création d’un Institut d’études nordiques à la Sorbonne, complétée par un poste de lecteur suédois ; enfin, les tournées de conférences, la volonté de faire connaître la France moderne, sa force, sa puissance, sa vitalité, son œuvre coloniale, auraient des résultats certains, immédiats et durables.

Un agent consulaire de France, Suédois de nationalité, m’a dit, à ce propos :

— Pourquoi n’insiste-t-on pas sur ce point important ? L’Allemagne, pratiquant le dumping, inonde la Suède de ses produits et ruine notre industrie, tandis que la France est pour nous une bonne cliente. Elle nous achète chaque année pour quatre cents millions de francs de marchandises, tandis que la Suède lui en achète seulement pour soixante-six millions. Et cependant, les Suédois sont tellement aveuglés par l’Allemagne que nos journaux font campagne pour boycotter les produits français ! Ils ne songent pas que la France pourrait acquérir de la Finlande, et à de bonnes conditions, la pâte à papier et le bois qu’elle nous achète !

Et l’on m’a dit encore, dans tous les milieux où nous avons des amis :

— Ne soyez pas faibles. Ne méprisez pas les attaques, même stupides, en pensant : « C’est trop bête pour être dangereux ! » Ne laissez passer aucune injure sans la relever, aucune calomnie sans la démentir. On prend votre négligence pour de la faiblesse, votre silence pour de la peur. Montrez que vous connaissez tout ce qui est publié ici contre vous... Il y a des journaux (Goteborgs Handelstidning) qui traitent Poincaré de « Tartuffe, » qui écrivent : « Écrasons l’infâme ; » qui espèrent que « les Allemands seront bientôt à Paris pour la troisième et dernière fois... » N’en riez pas ! Ce n’est pas drôle ! Ne dédaignez pas ! C’est dangereux. Souvenez-vous que la noble manifestation des protestants