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leurs compatriotes qui ont vécu longtemps parmi nous, — j’entends celles qui ont vu de Paris autre chose que les boulevards, Montmartre et le café de la Rotonde.


UPSAL

J’allais partir pour Upsal, un matin, et j’attendais ma voiture, dans le salon du Grand Hôtel.

Un amoncellement de journaux couvrait la table, et c’étaient, avec des journaux suédois, quantité de journaux allemands. Le texte, incompréhensible pour moi, avait cependant des transparences... vuhr... Poincaré... Bochum... Essen... Franzôsischen soldateska... Et puis, il y avait les images !

Dans cet océan de papier boche, un journal français, vieux de huit jours, — il était arrivé par l’Angleterre, — attira mes yeux. Je le feuilletai. C’était un numéro du Temps.

« Dernière heure... Réponse de M. Poincaré à l’archevêque d’Upsal... Lettre des protestants français aux évêques suédois... » Je n’eus pas le loisir d’en lire davantage. Il fallait partir. Je partis, me demandant ce que l’archevêque d’Upsal avait bien pu écrire à l’archevêque de Paris, aux protestants de France et au Président du Conseil !

J’arrivai dans la fameuse ville universitaire, l’Oxford suédois, capitale de la science, nourrice des futurs professeurs, pasteurs, avocats, naturalistes et médecins. Par treize degrés au-dessous de zéro, c’était une cité provinciale et triste, engourdie dans la neige, où devait grelotter, sous les arbres qui semblaient morts, l’ombre douce et charmante de Linné. Un étudiant, envoyé à ma rencontre par le professeur Staaf, me conduisit au musée de l’Université qui contient quelques tableaux de second ordre, présentés dans un cadre très agréable. Le directeur de ce musée, M. Hahn, eut la bonté de me faire les honneurs de la cathédrale, qui est célèbre dans toute la Suède, avec celles de Linkôping et celle de Lund.

De loin, elle monte, d’un double jet svelte et fier, rouge dans le gris du ciel, et si opposée par sa légèreté au lourd château de la reine Christine. De près, elle déçoit, parce qu’elle est moins qu’un monument restauré ; elle est un monument pastiche, la copie d’un modèle gothique, comme Sainte-Clotilde de Paris. Et elle serait sans charme, en dépit du talent des architectes,