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CHOSES VUES
EN
NORVÈGE ET EN SUÈDE
(Mars 1923)

II [1]


STOCKHOLM

Il ne fait plus très clair dans ma chambre surchauffée, et je ne puis me résoudre à baisser le store, à tourner les boutons des commutateurs. L’électricité, aussi libéralement dispensée que le téléphone, si peu coûteuse que, dans les chambres d’hôtel, on la laisse brûler indéfiniment, — on reconnaît les étrangers à leur manie d’éteindre les lampes quand ils sortent ! — la surabondante électricité tuerait les couleurs du tableau encadré par la fenêtre.

Il y a devant moi, un bras de mer incurvé qui traverse la ville et s’unit au prolongement du lac Mœlar. A gauche, une rive lointaine, chargée de maisons et de monuments, effilée et dentelée en flèches, en tourelles, en coupoles, émerge d’un brouillard mauve. Devant moi, un îlot porte le Château royal qui rappelle par sa forme et dépasse en majesté les plus beaux palais de Rome. Le crépuscule noie déjà les deux ailes basses et la cour des Lynx, mais, sur la façade occidentale, les fenêtres

  1. Voyez la Revue du 1er mai.