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de Dieu et de soi-même et l’amour du pays natal, culture éminemment française, faite de lumière et de liberté [1].


On peut être assuré que les éducateurs qui suggèrent de tels accents savent inculquer à leurs élèves une exacte compréhension de la France.


V

Pour la fécondité de ces œuvres admirables, les Frères ont besoin d’argent, et ils ont besoin d’hommes.

Il y eut une ingrate période où l’on put craindre, parfois, que l’argent ne manquât aux Frères : d’aucuns leur chicanaient les subventions d’Etat qui faisaient vivre leurs écoles, Halte-là ! intervenait en 1904 M. Georges Leygues, « nous avons dans le monde de graves intérêts à sauvegarder, qui seraient compromis si nous rompions l’immense réseau d’écoles, d’orphelinats, d’œuvres de tout genre, que les missions françaises ont fondées. » Halte-la ! intervenait en 1905 M. Delcassé, « ne m’obligez pas à sacrifier les trois cents écoles qui ont besoin de notre aide, et à conduire, pour ainsi dire par la main, les 85 000 enfants qui les fréquentent [2], qui en ce moment parlent la langue française, qui sont imprégnés des idées françaises, qui grandissent à l’ombre du drapeau français, dans les écoles rivales où ce n’est pas de la France qu’ils entendront parler. » Halte-là ! intervenait en 1906 M. Stephen Pichon, « nous ne devons pas perdre de vue qu’en Orient toute une partie de notre clientèle préfère encore l’enseignement congréganiste. Que ferez-vous de cette clientèle ? Pour la satisfaction de supprimer une subvention, qui ferait disparaître l’école congréganiste, allez-vous risquer de faire passer toute cette clientèle sous l’influence étrangère ? » M. Poincaré, à son tour, déclarait en novembre 1913, devant la commission des affaires extérieures, que la France ne laisserait certainement pas amoindrir, en Orient, le patrimoine moral constitué par les établissements des Frères des Écoles chrétiennes et des Filles de la Charité. Le Parlement, aux heures mêmes où il s’intéressait le

  1. Bulletin de l’Académie du Collège d’Alexandrie, juillet 1919, p. 48-51.
  2. Ces chiffres s’appliquaient à la population scolaire de tous nos établissements congréganistes à l’étranger.