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parlent fréquemment de la France : car partout, sous le toit des Frères, on fête Jean-Baptiste de la Salle, et partout Jeanne d’Arc ; et ce n’est pas seulement au ciel, mais c’est aussi en France, que maîtres et écoliers se plaisent à situer ces gloires.

Il y a quatre ans, le général de l’Institut, dans le coin de Belgique où il s’est transporté, recevait un message de félicitations de la Chambre et du Sénat de Colombie, pour l’œuvre pédagogique qu’avaient accomplie là-bas les Frères en un quart de siècle : la Colombie en était si reconnaissante qu’elle célébrait solennellement, par un jour de congé donné à toutes les écoles du pays, le vingt-cinquième anniversaire de leur débarquement en même temps que le second centenaire de la mort de leur fondateur. La Colombie, comme le Nicaragua, a confié à nos Frères la direction de l’Institut supérieur de pédagogie, c’est-à-dire la formation des inspecteurs scolaires et des directeurs d’écoles normales ; et ce témoignage rendu à nos traditions pédagogiques se tourne en un hommage à notre pays. Mgr Baudrillart, visitant récemment l’Argentine, y trouvait, dans douze maisons de Frères, 5 000 élèves, dont 2 000 instruits gratuitement ; il y saluait, en particulier, le Frère Marcellin qui, durant toute la guerre, avait été un ouvrier fidèle de notre propagande nationale.


III

Beaucoup plus efficaces encore, pour la diffusion de notre nom, sont, dans le Levant, les écoles proprement françaises, fondées depuis trois quarts de siècle par les Frères français ; elles sont le plus beau titre de leur Institut à la gratitude de la République. Le XIXe siècle vit s’accroître la puissance méditerranéenne de l’Angleterre ; il vit éclore les ambitions méditerranéennes de l’Italie : double menace, double péril, pour notre antique situation dans le Levant. Ce fut l’époque que choisirent les Frères des Ecoles chrétiennes pour faire de l’Égypte, de la Syrie et de la Palestine, une « colonie morale » de la France. Ils s’installèrent à Smyrne dès 1841 ; à Constantinople dès 1844 ; à Alexandrie dès 1847 ; au Caire dès 1854, et rayonnèrent, de là, un peu partout dans la Basse-Égypte. Ils n’eurent d’abord que des écoliers, de tout petits collégiens, et puis, à la longue, à mesure qu’ils conquéraient la confiance musulmane, à mesure