La Revue a publié, voici plus de quarante ans, une double série de lettres de Mérimée que je lui avais communiquées [2]. Les unes étaient adressées à Mrs Senior, belle-fille de William Senior, critique anglais et auteur de souvenirs curieux [3], les autres à la comtesse de Beaulaincourt, la fille du maréchal de Castellane. Mrs Senior et la comtesse de Beaulaincourt sont mortes toutes deux. J’avais fait précéder cette publication d’un court avant-propos où je prenais la défense de Mérimée, assez mal vu dans le milieu libéral où je vivais et où on lui reprochait plus qu’il n’était tout à fait juste, Mérimée ayant été simplement inspecteur des monuments historiques sous la monarchie de Juillet, d’avoir accepté d’être sénateur du Second Empire. Je le défendais aussi un peu contre lui-même, soutenant que les apparences de perversité et de cynisme qu’il se plaisait à se donner étaient, dans une certaine mesure, une affectation, et qu’il était capable de sentiments très délicate.
A l’appui de cette thèse, je comptais invoquer la façon dont il parle des jeunes personnes, l’attrait instinctif qu’il éprouvait pour elles, et le regret qu’il témoigne parfois de n’avoir pas eu de fille. « J’aurais beaucoup aimé, écrivait-il à Mrs Senior, à avoir une fille à élever. J’ai beaucoup d’idées sur l’éducation, et particulièrement sur
- ↑ Les Lettres de Mérimée à des jeunes filles devaient paraître dans la Revue du 15 novembre dernier. La publication en avait été préparée par M. le comte d’Haussonville. L’épreuve douloureuse qu’il a traversée à. cette époque en a empêché la publication (N.D.L.R.]
- ↑ Ces lettres ont été réunies par moi dans un volume édité chez Calmann-Lévy.
- ↑ Conversations with M. Thiers, M. Guizot and other distinguished persons.