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UNE ENQUÊTE
AUX
PAYS DU LEVANT[1]
V[2]
XI. — LE VIEUX DE LA MONTAGNE
« Si Donato, — ainsi que d’autres, — provoque une rapide et brutale fascination, quelle est la part de l’habileté acquise par une longue expérience ? et quelle est la part de l’action personnelle ? Je ne saurais me prononcer : mais j’imagine qu’on n’a pas tout dit en parlant de l’habileté de Donato et qu’une action physiologique spéciale à Donato et émanant de lui, n’est pas sans quelque vraisemblance. »
Charles Richet.
Cependant je poursuis ma grande idée. Sans rien en dire à mon lecteur, depuis que je suis en Syrie, je n’ai pas cessé une minute de préparer mon excursion aux châteaux des Hashâshins et du Vieux de la Montagne. Ah ! la tâche difficile ! À Paris, M. René Dussaud, dans son cabinet du Louvre, m’avait dit : « J’ai fait le voyage ; voici mon itinéraire, et je suis prêt à vous donner tous les renseignements ; mais franchement, je ne crois pas que vous puissiez en supporter la fatigue, ni même en obtenir l’autorisation. » Et pourquoi donc ? Dès mon arrivée à Beyrouth, j’ai vu Thomas Cook. Il m’a vivement conseillé d’aller plutôt à Jérusalem, comme tout le monde, ou bien en Egypte comme Loti. Que serais-je devenu sans M. Marteaux ?