à la sauvegarde de sa sécurité nationale. Après une guerre que nous avons soutenue côte à côte pour la défense de nos droits respectifs et qui a créé entre nous une indissoluble communauté d’intérêts, l’Angleterre peut-elle s’étonner que nous entendions à notre tour protéger nos frontières contre de nouvelles violations et empêcher une nation, dont l’impérialisme paraît incurable, de recommencer hypocritement, dans l’ombre, des préparatifs d’invasion ? La paix ne nous a donné, à cet égard, que des garanties incomplètes, précaires et provisoires ; elle nous en avait promis d’autres qui nous ont été ensuite refusées ; comment n’admettrait-on pas que nous eussions le droit de chercher, d’accord avec nos alliés, à nous prémunir contre des risques autrement graves et autrement vraisemblables que ceux dont l’Angleterre se croyait jadis menacée. » La question se trouve posée, et bien posée. La France a pris des gages ; elle attendra pour s’en dessaisir qu’elle ait reçu satisfaction ; elle n’a « d’autre ambition que d’être payée et de se mettre à l’abri d’un désastre financier. » M. Poincaré rejette avec mépris les accusations d’impérialisme qui nous prêtent des projets insensés d’annexions ou de conquêtes ; il décoche quelques traits acérés « à ces pessimistes d’occasion qui se laissent aller à encourager, par des propos inconsidérés, la résistance du Reich ; » et il termine par l’éloquente affirmation que « la France tiendra bon, comme elle l’a fait jusqu’ici, sans violences et sans provocations ; elle ira jusqu’au bout ; et, en couronnant enfin par une paix durable et réparatrice, l’œuvre de nos morts, elle leur rendra le meilleur hommage qu’ils puissent recevoir des survivants. »
Le lendemain du discours de Dunkerque, M. Theunis faisait écho à M. Poincaré en termes particulièrement heureux : il montrait que l’occupation de la Ruhr devait tendre à briser la volonté de l’Allemagne. « L’occupation est un moyen, non pas une fin. Nous voulons que l’Allemagne, reconnaissant enfin qu’elle a perdu le jeu formidable, le jeu de la faillite financière et monétaire qu’elle a joué depuis quatre ans, se décide à réparer et nous fasse des offres. » La réponse « sans aucun esprit de ressentiment, et pourtant combien justifié apparaît-il !... s’inspirera des besoins essentiels, impérieux, de la France et de la Belgique saignées par la guerre... Mais encore faut-il que ces propositions soient faites avec cette volonté de réparer qui, je ne me lasserai pas de le dire, a toujours manqué à l’Allemagne. « Lorsque le Reich aura fait ce premier pas nécessaire, ses offres seront confrontées avec le projet général que les deux Gouvernements de France et de Belgique travaillent en ce moment à