le soin des critiques, érudits et philologues : il les faut savants ; il les faudrait sensibles.
Que l’on découvre le nom d’une Françoise Babou de la Bourdaisière que chanta Ronsard et la dissimula sous le nom d’Astrée ; que l’on discute le point de savoir si le combat du Cid, au quatrième acte, fut inspiré à Corneille par la bataille de Corbie ; que l’on reprenne la querelle interminable touchant l’auteur du Discours sur les passions de l’amour ; que l’on démente l’authenticité des Mémoires de Richelieu, etc., etc. : voilà les nouvelles que M. Émile Henriot juge tout à fait dignes d’une attention vigilante. Un jour, il trace du poète Santeul un gracieux portrait. On ne lit plus Santeul qui fut, au XVIIe siècle, poète latin : quelle imprudence ! et qui fut aussi un drôle de bonhomme. Il avait une ferme « aux environs de Nesles, petit village des confins de l’Ile-de-France, non loin des bords du Sausseron, bien connu des pêcheurs de truites. » Or, il se fit bâtir une tour carrée, que l’on voit encore, et qui a trois étages ; il habitait l’étage d’en haut le plus volontiers, pour y être sublime. Santeul a composé des hymnes, où Bossuet trouvait trop de Dianes et d’Hébés. À l’église, quand on chantait ses hymnes, il sautait pour marquer la mesure. Aux carrefours, il enseignait au petit peuple son latin. Il aimait beaucoup les serins : le plus joli de sa volière s’étant posé sur sa tête, pendant qu’il composait l’épitaphe de Lulli, chanta jusqu’à ce qu’il eût fini et puis mourut. Santeul, en son temps, fut un fol ; et peut-être ce temps n’était-il pas du tout « perruque ? » M. Émile Henriot se le demande ou, plutôt, vous engage à vous dire que non. Les anecdotes qu’il raconte, les personnages qu’il dessine, ses remarques de toute sorte sont destinés à vous proposer une idée plus fine, exacte et vivante de cette grande époque.
Car il est fort important d’avoir une idée juste, ou aussi juste que possible, du XVIIe siècle. Selon cette idée, plus ou moins nette, nous entendons d’une ou d’autres manières la littérature. Faute de cette idée, nous risquons de n’y rien entendre. Ou bien nous risquons d’inventer la littérature française, comme de découvrir l’Amérique ; et c’est une aventure dérisoire.
Pédantisme ! s’écrient nos hardis improvisateurs. Laissons-les. M. Émile Henriot ne confond pas le pédantisme et le joli savoir. Il ne se moque pas des érudits et il apprécie leurs recherches. Il consulte avec plaisir le catalogue dressé par Claudin, il y a quarante ans, de la bibliothèque Rochebilière. Il est content d’y apprendre que nos Classiques