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sujet tel que celui des réparations, pour lesquelles le Gouvernement français avait déjà pris ses décisions et ses responsabilités. Mais étant donné que cette question et celle des dettes interalliées dominent toutes les autres, et que, d’autre part, la résolution dans sa lettre et plus encore dans son esprit, contient l’affirmation des droits légitimes de la France dans toute œuvre de relèvement, la délégation française a déclaré se rallier à cette manifestation d’entente internationale.

Ce vote unanime est-il un résultat suffisant pour justifier les travaux du Congrès ? Nous le croyons fermement. Sa résolution proclame les vrais principes sur lesquels doit reposer le rétablissement de l’ordre économique : réparation par l’Allemagne en faisant état de toutes ses ressources tant intérieures qu’extérieures, nécessité des mesures pour rendre certain le règlement final, assurance contre toutes les violations de frontière et garantie de la paix, ajustement équitable des dettes interalliées contractées pour une cause commune en tenant compte des sacrifices de vies et de biens, interdépendance de tous les pays au point de vue commercial et nécessité de la reprise des crédits internationaux, opposition à toute inflation comme aussi à toute stabilisation artificielle des changes.

Nous savons déjà qu’en Allemagne la portée de pareilles déclarations a été immédiatement comprise et l’on a pu constater, à l’issue du Congrès, la présence en Italie de M. Stinnes, coïncidence vivement commentée. Mais ce que nous devons surtout retenir, du point de vue pratique, c’est l’influence que peut exercer cette résolution aux Etats-Unis, où elle sera transportée sur tous les points du territoire, par de multiples organisations : Chambres de commerce, associations de banquiers, groupements d’industriels, de commerçants et surtout de fermiers, formant la grande masse, dont l’action politique est prépondérante.

En un moment où l’opinion américaine semble évoluer dans le sens d’un rapprochement d’intérêts, nous ne pouvions trouver un meilleur auxiliaire que la Chambre de commerce internationale pour propager efficacement ce mouvement, en vue de rétablir, avec les Etats-Unis, une collaboration qui permettra de résoudre plus rapidement les grands problèmes de restauration.


MAURICE LEWANDOWSKI.