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sens par un intérêt bien compris, sachant qu’un grand pays exportateur comme les États-Unis ne peut vivre dans l’isolement. Aussi est-ce avec empressement qu’ils saisissent l’occasion de ces Congrès dans un double dessein : faire l’éducation du peuple américain pour le mettre en contact plus étroit avec les problèmes internationaux, et influer sur les décisions du Gouvernement, en opposant la conception des hommes d’affaires à celle des hommes politiques.

Si l’on considère que les États-Unis ne font pas partie de la Société des Nations, ni du Conseil suprême, ni de la Commission des réparations où ils n’ont qu’un observateur, on comprend alors les avantages que présente un Congrès de la Chambre de commerce internationale, qui nous fait connaître, d’une façon très autorisée, le point de( vue américain sur la restauration du commerce mondial.

Le Congrès a été ouvert par un discours de M. Benito Mussolini, et ce n’était pas là l’un des moindres attraits de la séance inaugurale. L’attente n’a pas été déçue, car M. Mussolini, que l’on pouvait croire un peu dédaigneux des anciennes formes conservatrices, nous a présenté dans les termes suivants, un programme classique de gouvernement en matière économique :


Je crois que l’État doit renoncer aux fonctions économiques, surtout à celles ayant un caractère de monopole, pour lesquelles il est insuffisant.

Je crois qu’un Gouvernement qui se propose de soulager rapidement les populations de la crise survenue après la guerre, doit laisser à l’initiative privée le maximum de liberté d’action et renoncer à toute législation d’intervention et d’entrave, qui peut sans doute satisfaire la démagogie des parlementaires de gauche, mais qui, comme l’expérience l’a démontré, n’aboutit qu’à être absolument pernicieuse aux intérêts et au développement de l’économie. Il est temps de délivrer toutes les nations des derniers restes de ce qu’on a appelé le « harnais de guerre, » et il est temps de procéder à l’examen des problèmes économiques en se départant de cet état d’esprit voilé par les passions qui était la règle pendant la guerre.

Je ne crois pas que cet ensemble de forces qui, dans les industries, dans l’agriculture, dans le commerce, dans les banques, dans les transports, peut être appelé du nom global de capitalisme, soit proche du déclin, comme certains théoriciens de l’extrémisme social se plaisent à l’affirmer depuis longtemps. L’expérience qui vient de se dérouler sous nos yeux et qui est une des plus grandes de l’Histoire