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de mettre son nom au bas d’une pièce rédigée sur un ton aussi impératif.

Revenu au salon où tout le monde était dans la perplexité, je communiquai à M. de Saint-Priest les intentions de Charles X. Il les transmit aussitôt à Mme la Duchesse de Berry. Celle-ci s’entretint un moment avec M. de Lucchesi, qui ne tarda pas à me dire :

— Madame consent, mais, comme elle se méfie, des promesses du Roi, elle veut lui demander d’appeler Madame la Dauphine pour en être témoin.

— Gardez-vous, lui répondis-je, d’éveiller encore le mécontentement de Sa Majesté par une telle méfiance. Que Mme la Duchesse de Berry prie la Dauphine de venir avec elle chez le Roi.

Je vis immédiatement que le moyen était accepté. Après avoir parlé un moment ensemble, les deux princesses se levèrent et prièrent Charles X de les recevoir dans sa chambre. Pendant ce temps nous étions pleins d’anxiété. L’entretien ne dura pas deux minutes. La porte s’ouvrit, livrant passage à la Duchesse de Berry qui, à voix basse, se déclara satisfaite. On se sépara bientôt après. Le Roi embrassa Madame qui pressa plusieurs fois ses enfants dans ses bras, puis elle me réclama ses passeports et sortit accompagnée du Duc de Bordeaux et de Mademoiselle. M. de Blacas et moi restâmes auprès de Charles X. Il était tout heureux d’avoir terminé cette affaire.

— Je lui ai promis, nous dit-il, de la recevoir l’année prochaine. Vous verrez avec le prince de Metternich ce qu’il pense de la déclaration de majorité. Quant à l’affaire de l’éducation, je vais la traiter avec l’évêque d’Hermopolis et M, d’Hautpoul. Je ne lui ai pas reparlé de la tutelle.

Je quittai enfin à neuf heures et demie Leoben, où j’étais comme accablé par l’embarras d’une telle situation.


COMTE de MONTBEL.