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France se présente, il me semble, comme exceptionnelle. Un banni, tout comme un absent, ne peut être tuteur puisqu’il lui est impossible de veiller aux intérêts dont il a la responsabilité. Une lettre du Roi et de Son Altesse Royale au conseil de famille pour lui exposer, vu ces raisons, la volonté de ne pas continuer la tutelle amènera ce conseil à faire des nominations qui assureront une meilleure gestion pour les affaires des mineurs et qui feront cesser le scandale de voir les noms de Charles X et de la Duchesse de Berry sur les murs de tous les tribunaux.

Voici la rédaction de la lettre au conseil de famille telle que je la crois suffisante.

« Messieurs, les propriétés de mes enfants étant essentiellement en France et une force majeure s’opposant à ce que j’y puisse surveiller moi-même leurs intérêts, je renonce à une tutelle dont il m’est impossible de remplir les devoirs et je demande que, par suite de cette déclaration, le conseil de famille nomme à mes enfants un tuteur résidant en France. »

Cette lettre adressée à M. de Rosambo, chargé des procurations de Mme la Duchesse de Berry, serait communiquée au conseil de famille auquel le Roi enverrait une déclaration dans les mêmes formes. Sa Majesté a déjà indiqué M. de Pastoret comme tuteur, MM. Dambray ou de Rosambo comme subrogé tuteur.

Voilà presque mot pour mot ce que dans mon rapport je conseille à Charles X.


Leoben, 12 octobre.

M. de Milanges, en avant-coureur, vient annoncer que Madame ayant quitté Klagenfurth et Laybach est sur le point D’atteindre Leoben. Elle se montre fort choquée des mots « entrevue momentanée, » figurant dans la lettre que lui a remise Berthaud. Durant la traversée des montagnes, Madame fut souffrante. Elle ne sera probablement ici que demain dimanche dans la matinée.


Leoben, 13-18 octobre.

Cependant que nous déjeunions, un courrier apportait la nouvelle que la Duchesse de Berry arriverait dans une heure. Nous avons attendu jusqu’à midi et demi. On vint alors nous prévenir que Son Altesse Royale se trouvait à « l’Hôtel du Maure. » Après avoir vérifié la chose, je pris les ordres du Roi.