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sur mon intention de vous réunir momentanément à vos enfants. Mon intention était de vous les conduire jusqu’à Laybach, mais le mauvais état de ma santé me force à m’arrêter à Leoben. Je vous envoie, par un courrier qui doit me rapporter promptement votre réponse, l’invitation de vous rendre sur-le-champ auprès de moi. J’espère que vous y acquerrez la conviction de ce que vous devez faire dans les intérêts de vos enfants et les vôtres. Cette nouvelle démarche de ma part vous prouvera que mes sentiments pour vous sont encore les mêmes. »

« Signé : CHARLES. »


Le courrier qui part pour aller chercher la Duchesse de Berry à Laybach, à Trieste ou à Vienne, — selon ce qu’il apprendra en route sur la marche de cette princesse, — porte une lettre de moi au gouverneur de Laybach avec prière de délivrer les passeports nécessaires à Madame et aux personnes de sa suite.

J’ai demandé des détails sur ce qui s’était passé à Prague et à Buchtirad avec les Français venus pour célébrer le 29 septembre. Le Roi me répondit qu’il avait trouvé opportun de ne point laisser arriver la Duchesse de Berry au milieu de ces manifestations. Des scènes fâcheuses ou pour le moins ridicules auraient pu en résulter. Donc, puisque la Duchesse venait vers lui, il irait à sa rencontre et lui donnait rendez-vous à Leoben. Charles X fit alors partir M. de Milanges par la route de Salzbourg pour porter à Madame une lettre qui disait à peu près : « J’ai reçu les dépêches du comte de Montbel. Il m’écrit de Florence que vous avez consenti à tout ce que je vous demandais dans vos intérêts et dans ceux de vos enfants. J’en ai été pénétré de joie. Je me hâte de vous envoyer M. de Milanges pour vous prévenir que la Dauphine, vos enfants et moi allons à votre rencontre à Leoben. »

Pendant ce temps, de nombreux Français étaient arrivés à Prague, plusieurs étaient fort bien pensants et de très bonne foi. Ils demandaient vivement l’autorisation de présenter leurs hommages au jeune prince. On ne pouvait éconduire sans ménagements des hommes qui avaient fait un si long voyage et, la plupart, avec les meilleures intentions. Parmi eux se trouvaient un mandataire de la presse royaliste parisienne, rédacteur de la Mode, M. Dufougerais, jeune homme fort spirituel et animé