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de me tenir au courent des personnes qui arriveraient dans la ville en me signalant surtout la venue des Français.


Leoben, 3 octobre.

Ce matin, vers onze heures, le Roi a fait son entrée à Leoben. Mme la Dauphine et Mademoiselle l’attendaient avec nous devant la porte de « l’Hôtel de l’Empereur. » Tout auprès, se tenaient des troupes rangées en bataille. Charles X parut enfin. Son aspect épuisé contrastait avec l’allure sémillante du Duc de Bordeaux. Après quelques instants de conversation générale, le Roi me prit à l’écart

— Je crois nécessaire, me dit-il, que vous partiez pour Laybach où vous déclarerez à la Duchesse de Berry que, malgré mon juste mécontentement, je la recevrai ici, à cause de son fils et de sa fille, mais pour un court espace de temps. Vous l’assurerez qu’elle doit faire dans son intérêt et dans celui du Duc de Bordeaux ce que je lui ai commandé. .

Cette démarche ainsi comprise était-elle opportune ? Je me pris à réfléchir sur les inconvénients d’aller moi-même entamer une nouvelle négociation avec la Duchesse de Berry, après la scène de Padoue. J’en causai avec le duc de Blacas qui comprit mes raisons. Nous convînmes qu’il valait bien mieux envoyer un courrier avec mission de rapporter une réponse positive de la princesse.

Les choses en étaient là quand on nous manda de la part du Roi. Nous nous rendîmes auprès de lui et M, oe la Dauphine qui se trouvait là, lut aussitôt, en notre présence, une lettre que Charles X avait rédigée à l’adresse de la Duchesse de Berry. Nous y fîmes seulement quelques modifications de style. Elle était ainsi conçue :


« La lettre que le comte de Montbel m’avait écrite de Florence, ma chère petite, m’avait causé une satisfaction véritable. Je vous avais envoyé M. de Milanges pour vous engager à venir me joindre à Leoben où je me rendais avec Mme la Dauphine pour vous conduire vos enfants. Arrivé ici, j’apprends par le comte de Montbel à qui j’ai donné ordre de venir m’y joindre que vous avez rétracté tout à coup à Padoue les résolutions que vous m’aviez fait connaître et que vous .ne remplissez pas les engagements que vous aviez pris. Je ne reviendrai pas toutefois