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corrida d’un nouveau genre, lorsqu’une chute le précipita de la galerie d’en haut sur les dalles du rez-de-chaussée, où il se tua.

A Aranda, l’ambassadeur ordinaire de France, André de Cochefilet, baron de Vaucelas, beau-frère de Sully, accrédité auprès de Philippe III dès le temps de Henri IV, et arrivé tout exprès de Madrid, apprit au duc de Mayenne qu’enfin le duc de Pastrana était en marche vers la France. Mayenne aussitôt se détourne du grand chemin pour ne pas gêner le cortège espagnol. Ce cortège n’est qu’à cinq ou six lieues. Mais le 7 juillet, Mayenne incommodé s’arrête dans un pauvre village. La fièvre le prend, augmente, et des vomissements surviennent.

Il lui fallut en ce piteux état subir la visite de don François de Silva, qui, accompagné de dix gentilshommes, venait le saluer au nom de son frère, le duc de Pastrana. Mayenne dépêcha le marquis de Montpezat, son frère de mère, avec cinquante gentilshommes, pour rendre sa visite au duc de Pastrana. Pastrana était déjà parti, et ils ne trouvèrent que don Francisco. Mayenne se transporta péniblement le lendemain à Tarlagonne. Il y trouva les médecins et l’apothicaire du Roi Catholique, ayant « commandement de ne l’abandonner de vue et le traiter en sa maladie. » Il put atteindre le surlendemain le château de l’Almeda, non de loin de Barajas, à deux lieues de Madrid. Le marquis d’Este, mis à sa disposition par Philippe III, demeura toujours avec lui. Les grands et les ambassadeurs lui envoyèrent leurs principaux gentilshommes. Après un repos d’une semaine, il put reprendre sa marche.


II

La Reine Catholique, Marguerite d’Autriche, femme de Philippe III, mère des infants et du prince des Asturies, était morte l’année précédente, en 1611, et la cour d’Espagne n’avait pas encore quitté le deuil. Suivant l’usage, le duc de Mayenne et sa suite le prirent avant de faire leur entrée officielle à Madrid. Le 17 juillet, vers le milieu de la journée, les gentilshommes français approchèrent de la capitale, et, malgré l’austérité du deuil, formaient un illustre cortège.

Ce cortège se déroula de Barajas à Madrid par un chemin plein de monde, « à pied, à cheval. Nous croyions, écrit Lingendes, que nous ne trouverions plus personne à Madrid. »