qui entraînerait la répugnance dont j’ai parlé plus haut. Si ce nombre de gens levés avant le soleil devenait assez grand, — et on sait que les mécontents n’ont pas besoin d’être en majorité pour entraîner les autres, — on les ramènerait insensiblement aux anciennes habitudes et on détruirait par répercussion, petit à petit, en vertu d’un nouveau décalage progressif de la vie vers le soir, les heureux effets de la réforme. Entre ces inconvénients opposés on a choisi ceux qui ont paru les moindres.
Ce n’est pas le lieu de revenir sur les objections a priori que souleva naguère, — avant sa première adoption, en 1916, — l’avance de l’heure. Certaines pourtant étaient singulières, tel ce député qui déclarait mélodramatiquement à la tribune de la Chambre : « L’heure à laquelle tombe un soldat sur la ligne du feu est sacrée ; ne la changeons pas. » Où sont les « astronomes » qui nous accusaient de vouloir adopter l’ « heure boche, » oubliant que les Boches eux-mêmes adoptaient l’été une heure plus orientale, et que toutes ces heures étaient d’ailleurs anglaises parce que fondées sur le méridien de Greenwich ? Et puis au reste, eût-elle été boche, l’heure d’été ne devait-elle pas être adoptée, si elle était utile ? Sinon, il aurait fallu interdire à nos chirurgiens l’emploi des rayons X, pour la raison qu’ils furent découverts par Rœntgen. On n’ose plus aujourd’hui émettre des arguments de cette trempe.
Quant aux critiques qui contestaient par avance que l’heure d’été dût, dans les cités, produire des économies d’éclairage, les statistiques leur ont a posteriori, à défaut de l’évidence des pronostics raisonnés, victorieusement répondu. Ces statistiques démontrent que l’heure d’été a économisé à la France, depuis 1916, au moins 5 millions de tonnes de charbon. Calculez ce que cela représente au point de vue de nos budgets publics et privés et de notre change.
Ce qu’on ne peut pas calculer en revanche, parce que cela est sans prix, ce sont les trésors supplémentaires de santé que la réforme a apportés aux travailleurs des villes en leur permettant, après la fin de leur journée de travail, de profiter d’une heure supplémentaire de lumière.
Aussi ce ne sont pas seulement les Chambres de commerce et les industries, les compagnies de chemins de fer et toutes les grandes associations économiques qui maintenant réclament le maintien de l’heure d’été, source précieuse d’économie pour elles, ce sont aussi les associations sportives, les groupements qui s’occupent du tourisme, les employés des services publics qui ont découvert, par