L’occupation de la Ruhr, qui a été décidée au mois de janvier, par les Gouvernements français et belge, d’accord avec le Gouvernement italien, procède de deux idées bien distinctes, dont chacune suffirait à justifier cette mesure. La Commission des réparations avait constaté et signalé aux Puissances alliées les manquements successifs de l’Allemagne. La carence de nos débiteurs a fait envisager l’occupation comme le procédé le plus efficace pour les contraindre à s’acquitter de leurs obligations, telles qu’ils les ont reconnues, en signant le traité de Versailles. En même temps, puisque le Reich se déclarait incapable désormais d’effectuer des versements, il était normal de saisir des gages et de chercher à les exploiter : c’était le moyen de remplacer, au moins en partie, les recettes auxquelles nous avions droit et dont nous étions privés.
La politique suivie par nous avait donc pour objet de concilier ces deux tendances différentes. Jusqu’à ces derniers temps, devant la résistance de l’administration allemande et de la majeure partie de la population, les autorités d’occupation ont dû surtout se préoccuper d’édicter une série de mesures, capables d’entrainer la soumission de nos adversaires : la plus efficace et la plus significative a été la prohibition générale de sortie des marchandises, instituée dans le courant de février. On ne saurait, toutefois, négliger l’effort qui a été accompli pour donner, dès maintenant, un caractère productif à notre occupation. Il parait intéressant de mettre en lumière cet aspect de la lutte engagée dans la Ruhr, et de montrer notamment comment