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caractères arabes, sans doute sa signature. Il me montre encore une lettre, que je crois intéressant de transcrire, comme un signe de la continuité dans la politique française.

Ministre d’État,
Cabinet du Ministre.
Le 10 janvier 1862.
Monsieur,

M. Renan, au retour de la mission dont Sa Majesté l’Empereur l’avait chargé en Syrie, m’informe que vous avez rendu à cette mission des services signalés et que c’est à vous, en grande partie, qu’est dû le bon succès de ses recherches dans le pays de Gebeil. Il m’apprend que ces services, vous les lui avez rendus par un effet de la grande sympathie que vous, et les gens de votre pays, vous avez pour la France, et comme un acte de reconnaissance envers Sa Majesté l’Empereur. Je retrouve là les sentiments que les populations du Liban professent depuis des siècles. Continuez à les enseigner à votre famille, et croyez que le gouvernement de Sa Majesté l’Empereur n’oubliera aucun de ces témoignages de dévouement.

Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

Le Ministre d’État,
Walewski.

Il cherche une autre lettre qu’il a encore de Renan et ne la trouve pas.

— Que contient-elle ?

— Des salamalecs. M. Renan disait : « Je suis content que vous vous rappeliez votre séjour parmi nous. »

Serait-ce donc que l’hôte de Renan serait un jour allé à Paris ?

On nous a servi du café et de la bière, qui est en Orient chose raffinée et coûteuse, et je leur fais un grand éloge d’Ernest Psichari, qu’ils ne connaissent pas encore.

Ce n’est pas dans cette maison-ci que les Tobia ont reçu Renan, mais dans une autre, toute pareille, qu’à deux pas de là ils me mènent voir. Par contre-temps, un prêtre, qui l’habite en ce moment, est sorti en emportant la clé. Tous de dresser une échelle contre une fenêtre, pour que j’y puisse entrer par le premier étage.