officiels, toutes réceptions de la plus grande cordialité.
A minuit, nous remontons dans notre train ; nous parcourons de nuit le paysage que nous avons vu de jour avant-hier. Dans la matinée, un arrêt bien placé nous permet de voir Juliaca, la petite ville où se trouve la bifurcation sur Aréquipa et sur Puno. C’est précisément dimanche, jour de marché, et dans tous les pays du monde le marché populaire est un spectacle instructif et intéressant. Ici, c’est la prise de contact avec l’élément indien, la fouille grouillante des campagnards en costume national, venus sur des ânes avec leurs caravanes de lamas qui portent les produits du sol et de l’industrie villageoise. Hommes et femmes portent le poncho, en laine grossière de couleur écrue ou brun clair, de forme rectangulaire, percée au centre d’un trou pour laisser passer la tête ; c’est le plus pratique des manteaux. Les jupons des femmes sont au contraire de teintes très voyantes, rouge, jaune vif, vert clair ; leurs chapeaux sont de grands feutres blancs qui paraissent vernis, avec un ruban tissé d’or ou d’argent ; elles ont des parures en graines blanches, noires, rouges, venant de la plaine tropicale, ou des verroteries brillantes. Sous le chapeau des hommes, qui est plus petit, une sorte de passe-montagne laisse voir ses oreillères rouges. Les races semblent fort mélangées, et les tailles extrêmes sont communes. Le teint est d’ordinaire couleur rouge brique, mais tire parfois sur le jaune ; le profil le plus répandu montre le nez aquilin, très prononcé, et le menton peu proéminent.
C’est dans un marché de village qu’on voit d’ordinaire la foule la plus exubérante, et le bavardage le plus assourdissant, dominé parfois par les exclamations et même les cris aigus. Ici, c’est un murmure continu et régulier comme celui d’un ruisseau ; les visages sont impassibles. Les Indiens se rangent poliment, sans obséquiosité, devant les Européens et devant leurs alcades qui circulent avec un air de dignité, appuyés sur leurs cannes de commandement ornées d’argent.
Les transactions sont assez actives ; beaucoup de soles péruviens en argent circulent, très peu de billets. J’achète bon marché quelques étoffes en pure laine tissées dans le pays, sur des modèles européens, des cache-nez et des écharpes de vigogne. Mais ma visite à un magasin pour touristes me montre des prix exorbitants.
Nous repartons pour Aréquipa à travers les Andes. Je revois