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que quelques moulages, des photographies et des pièces insignifiantes ; médiocres et morcelés, ces documents ne donnent aucune idée des ensembles grandioses que nous venons d’admirer, qui évoquent des perspectives indéfinies dans le temps, où l’on voit les sociétés humaines se former d’après les mêmes lois dans les Andes que sur les bords heureux de la Méditerranée. Sur toute la surface du globe, l’homme se révèle comme un animal grégaire et religieux.

Nous poursuivons notre route à travers le paysage désolé des collines qui dominent l’Altiplaine, et nous ne cessons de monter jusqu’à un plateau assez étendu qui porte trace de quelques cultures. Nous descendons du train pour aller sur le rebord du plateau où il vient de s’arrêter, devant une faille assez étroite avec des pentes à pic. De cette terrasse, comme d’un aéroplane, la capitale de la Bolivie se déroule à nos pieds ; nous survolons ses maisons, ses édifices publics, ses jardins et toutes ses rues, où nous voyons circuler tramways, voitures et piétons. Le sénateur Abel Iturralde, qui, comme ambassadeur extraordinaire aux fêtes de Lima, a négocié ma visite en Bolivie, est venu à notre rencontre avec les ministres d’Angleterre et des Etats-Unis, et le représentant du ministre des Affaires extérieures de Bolivie,

C’est un petit chemin de fer électrique qui nous amène à La Paz, avec des lacets en pente fort raide, où l’on sent pourtant que la machine reste maîtresse de la vitesse. A l’arrivée à La Paz, je trouve sur le quai les officiers de la garnison et les membres de la colonie française, et la foule acclame l’ambassade de France. Nous sommes conduits à notre hôtel, près de la Présidence de la République et de la Chambre des députés, et nous y dinons avec le général Baldivieso et le ministre de France ; nous y arrêtons la journée du lendemain, qui sera particulièrement chargée, et je m’instruis sur le pays où je vais faire un trop court séjour.

La Paz a plus de 100 000 habitants, et c’est la capitale la plus élevée du monde : 3 600 mètres. Elle doit à ce site un état sanitaire exceptionnel : il semble que la plupart des maladies contagieuses ne peuvent se propager dans cet air raréfié. Mais si les microbes n’y vivent pas, les humains y vivent assez mal et les maladies de cœur sont fréquentes ; elles exigent des cures de descente qui rendent les mêmes services que les cures d’altitude en d’autres climats pour d’autres affections. De fait,