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nom seulement, et encore ! En vain quelques-uns d’entre nous ont combattu pour sa gloire. Son admirable tragi-comédie la Célestina, (Les amours de Calixte et Mélibée), eût honoré l’un ou l’autre de nos deux théâtres lyriques. Ni l’un ni l’autre n’ont daigné l’accueillir.

M. de Falla fut, croyons-nous, le disciple de Pedrell, et son disciple très cher. Il est juste d’associer aujourd’hui la louange du survivant, jeune encore, au souvenir, au deuil du vieux maître qui n’est plus. Avec toute notre admiration, Pedrell eut toute notre amitié. Amitié lointaine, de deux amis inconnus l’un à l’autre et qui ne devaient jamais se voir. Mais pendant quelque vingt ans ses lettres nous avaient appris quel homme était l’artiste et, lorsqu’il mourut, nous le saluâmes en notre cœur du salut funèbre qu’il était lui aussi digne de recevoir : « Adieu, belle âme et beau génie ! »


Une fois encore, M. Édouard Risler a consacré huit concerts, — on ne nous fera point écrire « récitals, » — à l’exécution des trente-deux sonates de Beethoven. Ce furent des « soirs sereins et beaux, » de ceux qu’aimait le poète. Jamais public plus nombreux n’applaudit interprète plus digne de l’œuvre. L’un et l’autre sont inséparables aujourd’hui. Pour le grand pianiste, il n’est pas de plus grand honneur. Mais pour lui et pour certains auditeurs, dont nous sommes, il n’est pas de plus grande gêne que de voir et d’entendre tourner les pages par les personnes qui suivent sur la musique. » Et pourquoi suivent-elles, ces personnes ? Peut-être comme l’Anglais qui suivait le dompteur, dans l’espoir d’un accident ? Ou, pour noter les détails, les nuances d’une interprétation d’ailleurs inimitable ? Alors leur intention serait plus pure, mais non moins vaine leur espérance. En tout cas, les tourneurs devraient bien s’entendre pour se servir d’une édition unique. Ils tourneraient ensemble, au même moment, la même page, et cela mettrait au moins de l’unité dans le geste et le bruit du tournement.


CAMILLE BELLAIGUE.