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UNE ENQUÊTE[1]
AUX
PAYS DU LEVANT

IV[2]


VIII. — BAALBEK

Que de superbes nouveautés me promet le jour qui commence ! Ce matin, je franchis en chemin de fer le Liban ; je visiterai dans la plaine Baalbek, et, vers minuit, je serai à Damas. Tandis qu’à travers les vitres du wagon, j’admire une fois encore cette Provence montagneuse, le cirque de Hamana, où habitait Lamartine, et les hôtels d’été des Egyptiens, qui succèdent à ces maisons de plaisance que la Bible appelle « les Délices de Salomon, » M. Marteaux me raconte les vicissitudes de son chemin de fer : les hordes de Bédouins venant, avec leurs chameaux, sur le ballast, jusqu’à la mer, sans se déranger d’un pas pour les locomotives qui les écrasent. « C’était écrit ! »

Longuement il me parle de la Syrie, dont il résume ainsi le bilan : une chaîne de montagnes de trente kilomètres d’épaisseur, improductives ; derrière ces montagnes, une plaine superbe, large de dix kilomètres, longue-de quatre cents, la Beka ; puis encore une chaîne de montagnes improductives, l’Anti-Liban ; et derrière, le désert. En somme, cette Beka, c’est le meilleur de la Syrie.

Nous y descendons, et voici Baalbek.

  1. Copyright by Maurice Barrès, 1923.
  2. Voyez la Revue des 15 février, 1er et 15 mars.