Boscawen, et le major Hills, ont été battus, le premier par un libéral, les deux autres par des travaillistes ; tous les trois, selon la tradition, abandonnent leurs hautes fonctions. L’Angleterre industrielle ne veut plus d’intervention dans les affaires du continent. Mais sir A. Griffith Boscawen n’a succombé que parce qu’il a surgi en face de lui, contrairement à tous les usages anglais, une autre candidature conservatrice qui a glané en peu de jours 2 684 voix ; ce candidat a dit à l’Evening News ; « Les votes que j’ai recueillis sont ceux des locataires alarmés et des gens qui voudraient que le Gouvernement pratiquât dans le conflit de la Ruhr une politique d’amitié plus agissante envers la France. » Tels sont les courants contraires qui se heurtent dans l’opinion anglaise.
Le ton des organes travaillistes, qui fait dire, non sans exagération sans doute, au duc de Northumberland que « le parti travailliste est entre les mains des multimillionnaires allemands, » ajoute un prix particulier au rapport que quatre députés travaillistes ont publié après une sérieuse enquête dans la Ruhr. Ils constatent que les ouvriers d’Essen ont une situation beaucoup plus favorable que les ouvriers anglais et qu’il y a peu de chômeurs : « La situation a été probablement bien résumée par ceux qui ont dit que les capitalistes allemands se sont moqués de leurs ouvriers en leur faisant croire qu’ils ne pouvaient pas payer et que les capitalistes français ont trompé les leurs en leur faisant croire qu’ils peuvent faire payer les Allemands. » Ils craignent, avec beaucoup d’Anglais, que si la France s’établit dans la Ruhr, où ils lui attribuent l’intention de rester, elle n’exerce sur le continent une hégémonie industrielle et militaire dangereuse. La réunion du fer et du charbon dans les mêmes mains est un péril pour l’Angleterre. C’est là une idée que les Allemands ont dû inspirer aux travaillistes anglais, puisqu’il est avéré que les grands industriels ont poussé à la guerre précisément pour réunir le fer et le charbon dans leurs mains. « Le traité de paix a séparé les charbonnages des gisements de minerai, laissant les possesseurs de l’un et de l’autre relativement faibles. » N’est-ce pas là, sans ambages, ce que veut l’Angleterre ! « Son prétendu désintéressement ne trompe personne ; » elle doit trouver une solution. Et les travaillistes suggèrent que « la France, l’Angleterre, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne internationalisent le bassin charbonnier de la Ruhr » et en confient la gestion à un conseil d’administration international ; ainsi seraient assurés à la fois le paiement des réparations et la sécurité de la France. Dans les considérants et la conclusion de ce rapport, si tout n’est