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Ce problème eut malheureusement très difficile à résoudre par la théorie Henri Poincaré a bien donné les formules complètes de la théorie des marées ; mais elles sont d’une application malaisée et conduisent à des calculs numériques pratiquement inextricables.

Un hydrographe américain, M. Rollin A. Harris, a pensé qu’on aurait une solution suffisamment approchée en faisant abstraction des complications locales et en traitant par le calcul les bassins océaniques comme des volumes géométriques définis, sous réserve de corriger ensuite les résultats par certaines données empruntées à l’expérience et confirmées par la théorie dans les cas les plus simples. En procédant ainsi, Harris a découpé l’ensemble des océans en un certain nombre de zones partiellement fermées qu’il appelle des systèmes, et dont il a pu calculer facilement les périodes d’oscillation propre.

Il trouve de la sorte que certains de ces systèmes ont des périodes fondamentales voisines d’un demi-jour. D’autres ont des périodes voisines d’un jour.

Les premiers, les systèmes demi-diurnes, sont au nombre de sept : Nord-Atlantique, Sud-Atlantique, Nord-Pacifique, Sud-Pacifique, Nord-Indien, Sud-Indien, et Sud-Australien. L’espace me manque pour indiquer les limites géographiques de chacun de ces systèmes qui ont une période voisine pour les uns d’un demi-jour solaire, pour les autres d’un demi-jour lunaire (12 heures 25 minutes de temps moyen).

Les systèmes diurnes d’Harris ont des périodes d’oscillation propre voisines d’un jour lunaire (24 heures 50 minutes de temps moyen). Les deux principaux sont le Nord-Pacifique et l’Indien.

La mer de Chine constitue un bassin à peu près fermé, dont la longueur est sensiblement égale au quart de la longueur d’onde diurne, et qui débouche sur le système diurne Nord-Pacifique. Les ondes de la mer de Chine sont donc des harmoniques des ondes du Nord-Pacifique. Elle se comporte comme un résonnateur par rapport à lui. Le mouvement des marées pourra de ce fait y acquérir une grande amplitude. Ce qu’on constate.

Cette remarquable conception, dont je ne puis qu’esquisser ici l’idée maîtresse, a naturellement été beaucoup critiquée, comme tout ce qui est hardi, nouveau, vaste, suggestif. Henri Poincaré en a noté avec pénétration les points faibles. Mais il l’admirait cependant et pensait qu’une synthèse définitive, que seul l’avenir peut nous donner, empruntera à celle d’Harris une part notable de ses grandes lignes.

M. Fichot de son côté est justement séduit par la puissance explicative