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REVUE SCIENTIFIQUE

LE RYTHME DES OCÉANS

M. Fichot, membre du Bureau des Longitudes, est à présent notre meilleur spécialiste de la science des marées. Il vient de leur consacrer un petit ouvrage excellent [1] et d’autant plus heureusement venu que le problème de l’utilisation industrielle des marées est plus que jamais à l’ordre du jour.

Ce petit volume est éloigné autant qu’il est possible, — c’est-à-dire non complètement, — de l’ésotérisme mathématique qui interdit aux non initiés l’accès des grands traités relatifs à la question, et notamment de l’ouvrage classique d’Henri Poincaré. Il fournit un aperçu vraiment suggestif du problème des marées tel qu’il se pose aujourd’hui.

Et puis l’ouvrage est fort bien écrit. M. Fichot n’est pas de ces techniciens froncés qui se croiraient déshonorés d’exprimer des pensées ardues sous une forme qui ne fût pas rébarbative. Qu’il en soit remercié. Ce n’est point d’ailleurs que cet élégant penchant pour une forme littéraire ne lui inspire parfois des images dont on pourrait disputer. Lorsqu’il cite tel auteur qui affirme sérieusement que la gravitation newtonienne embrasse tous les êtres, et que la loi qui régit les cœurs et les consciences n’est qu’un corollaire de la formule du carré de la distance, on est tenté de penser que « comparaison n’est pas raison. » Lorsqu’il assimile et identifie presque la sympathie qui unit et attire certains êtres à la résonnance ondulatoire qui contribue à créer et à délimiter les bassins océaniques, on est plus charmé que convaincu. Ce sont là les bleuets nécessaires à tout

  1. Les marées et leur Utilisation industrielle, par E. Fichot, ingénieur hydrographe en chef de la marine, Gauthier-Villars, 1923.