convertit Pavillon, un des saints du jansénisme, ironique destinée d’un prince du sang dont les restes, après de macabres tribulations, ont fini par reposer là même où, sur l’ordre de Louis XIV, tant de tombes avaient été violées et tant de jansénistes arraches à leur dernier sommeil. Enfin, si le paysage de Port Royal n’a pas été saccagé comme bien d’autres, si, dans l’enclos de l’ancienne abbaye, nous devinons encore ce que furent les « saintes demeures du silence, » si le site mélancolique et charmant conserve un peu de sa mystique beauté, si l’entrée du vallon est interdite aux puants automobiles, et si les amateurs de repas champêtres ne viennent pas s’abreuver à la source de la mère Angélique, nous savons qui nous devons en remercier.
En même temps que le vallon de Port-Royal, la Société possédait dans le voisinage deux maisons, l’une à Saint-Lambert et l’autre à Magny-les-Hameaux. C’est une jolie demeure que l’ancienne maison presbytérale de Saint-Lambert : un beau couvert d’arbres la précède, et elle domine la pente d’un grand verger. Louis Silvy y avait établi une école. Gazier tint à lui maintenir cette destination, jugeant qu’il convenait de garder aux amis de Port-Royal cette maison toute proche du cimetière où, en 1712, on enfouit pêle-mêle les ossements des solitaires et des religieuses. Et ce fut encore lui qui, il y a quelques années, désira que dans le cimetière une simple pyramide de granit marquât la place du « carré de Port-Royal. » A Magny furent hospitalisées quelques religieuses d’un ordre suspect de jansénisme, les Sœurs de Sainte-Marthe : la plus précieuse des reliques de Port-Royal, le masque mortuaire de la mère Angélique, avait été mise sous leur garde. La dernière des sœurs étant morte pendant la guerre, la relique a été portée dans le musée oratoire. Ce fut un grand chagrin pour Gazier que la disparition de cette religieuse en qui s’éteignait la postérité spirituelle des filles de Port-Royal.
Gazier raconte qu’en 1876, il se rencontra avec Mgr Maret, alors doyen de la Faculté de théologie de Paris. Celui-ci lui dit à brûle-pourpoint : « Vous publiez des choses bien intéressantes. — Monseigneur, elles ne sont peut-être pas d’une orthodoxie parfaite. — Continuez, c’est bien intéressant. » Puis le prélat conseilla au jeune professeur de se faire ouvrir la bibliothèque janséniste. « Vous la connaissez, Monseigneur ? — Oui et non,