mettent de voir l’infiniment lointain et l’infiniment petit ; ni forcer le soleil à fixer les images des choses et des êtres ; ni produire par synthèse des substances chimiques capables de combattre les maladies. Mais graduellement, lentement, par son industrie et sa science, il est devenu maître de la matière qu’il façonne à son gré.
Au contraire, le sauvage vit en sauvage, sans profiter du sol, des animaux et des plantes. Il n’en connaît rien, et par conséquent il ne sait pas asservir choses et êtres à ses besoins. Nous, nous restons à demi sauvages encore ; car nous ne manions force et matière que d’une manière assez imparfaite. Nous ne sommes qu’à une première étape, très grossière encore, de notre évolution, et, dans notre aveuglement, nous ne savons pas voir qu’à cette période d’enfance succédera une période, plus ou moins éloignée, de moindre ignorance. Si, comme cela est probable, les réserves de charbon et de pétrole cachées au sein de la terre viennent à s’épuiser, — car on les dépense avec une prodigalité folle, — nos petits enfants sauront utiliser la force des marées. Surtout, ils ne laisseront pas se perdre dans les espaces cette force immense, la chaleur solaire, dont nous savons si peu profiter.
Peut-être même, — ce qui sera le but suprême auquel nous devons penser dès aujourd’hui, — l’homme arrivera-t-il, par une connaissance plus profonde des lois de l’hérédité, à donner plus de robustesse à l’espèce humaine, à rendre un peu moins défectueuse notre débile intelligence, en un mot à améliorer l’homme, comme déjà l’homme lui-même a su améliorer les betteraves et les roses, les porcs et les pigeons. Voilà ce que la civilisation future nous réserve, voilà ce qui est loin de notre état actuel, voilà ce qui nous démontre en toute évidence que notre civilisation est encore très rudimentaire.
D’ailleurs, je ne parle pas, et pour cause, des forces inconnues que découvriront nos sciences et qui probablement transformeront tout. On ne prévoit pas l’avenir ; on n’invente pas les inventions que les siècles suivants vont apporter. Avant Volta, que savait-on de la pile électrique ? Avant Graham Bell, que savait-on du téléphone ? Avant Daguerre, que savait-on de la photographie ? Avant Curie, que savait-on du radium ? Avant Hertz et Marconi, que savait-on de la télégraphie sans fil ? Presque toutes les inventions furent des révélations, de sorte