la maladie était regardée comme une punition divine. Hercule donnait l’épilepsie. On croyait à l’influence d’Hécate ou de Lucine. Peut-être y a-t-il encore, dans nos campagnes écartées, de vieilles gens attribuant à la lune quelque influence sur notre corps ; d’autres qui s’adressent aux rebouteux ; d’autres qui ont frayeur des sortilèges. Les mages, les augures, les aruspices, les oracles avaient comme principales attributions la connaissance et la guérison des maladies.
Ces croyances enfantines tendent à disparaître.
Claude Bernard, dont le génie profond a fait faire tant de progrès aux sciences médicales, dit, à propos d’une de ses plus belles découvertes, le diabète expérimental, qu’il avait remplacé les Dryades et les Sylvains de la fable par des réalités scientifiques. Mais c’est surtout notre grand Pasteur, père de la médecine et de la chirurgie modernes, qui nous a révélé quelles sont les causes des maladies, causes démontrables, palpables, étudiables, puisqu’il s’agit d’êtres réels, êtres vivants, parasites qu’on peut cultiver, comme on cultive le blé et le riz, et qui ont pénétré indûment dans notre organisme.
Si l’on admet que la civilisation, c’est surtout la diminution du malheur humain, alors il faudra admettre que la connaissance plus approfondie des maladies est une des principales caractéristiques de la civilisation.
En effet, tout progrès de la science médicale conduit, plus ou moins implicitement, à une action plus efficace contre les maladies. La pathogénie, c’est-à-dire la notion des causes, va de pair avec la thérapeutique, qui est l’emploi des traitements. Or la thérapeutique, fondée sur l’observation et l’expérimentation, fait des progrès chaque jour. Les sceptiques peuvent sourire et répéter contre la médecine des plaisanteries vieilles de plusieurs siècles. Peu nous importe ! Ces changements mêmes, qu’on peut railler et qui sont perpétuels, prouvent à quel point la médecine cherche.
Il lui reste beaucoup à trouver. Mais depuis Pasteur elle a fait un bond prodigieux. Il y a trois quarts de siècle, on ne connaissait pas les anesthésiques ; il y a un demi-siècle, on ne connaissait pas les antiseptiques ; il y a quarante ans, on ne connaissait pas cette merveilleuse sérothérapie que des physiologistes français d’abord, puis des physiologistes allemands ont donnée aux médecins. La radiothérapie est d’invention