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Altesse qui laisseront dans le cœur des Italiens un souvenir impérissable.

J’espère qu’une fois l’adresse votée, Votre Altesse réalisera ses projets de voyage, et qu’elle viendra juger par elle-même des sentiments de mes concitoyens pour l’Empereur et pour elle. Je serais bien heureux de pouvoir causer à fond avec Votre Altesse des grandes questions politiques dont la solution ne saurait se faire attendre indéfiniment, quoiqu’il soit sage de l’ajourner pour le moment. Celle qui me préoccupe davantage est la question hongroise sur laquelle nous ne pouvons exercer qu’une action indirecte. Je connais l’intérêt que Votre Altesse porte à cette noble nation, et par conséquent je ne doute pas qu’elle ne partage la sollicitude qu’elle m’inspire. Confiant dans ce sentiment, je prends la liberté de lui recommander le général Turr, qui aura l’honneur de lui remettre cette lettre.

Le général Turr appartient au parti ardent ; toutefois, il est très accessible aux conseils de la raison. Dévoué à son pays, mais, en même temps, fort attaché au Roi qui l’a comblé de bontés, il ne fera rien qui puisse nous compromettre, si on parvient à lui faire comprendre qu’il est dans l’intérêt de la Hongrie, aussi bien que de l’Italie, de ne pas précipiter les événements. Les conseils que Votre Altesse pourra lui donner auront une grande influence sur lui.

Je félicite Votre Altesse du gain de son procès. La lecture attentive des plaidoyers des avocats m’avait pleinement convaincu qu’elle avait raison [1] . Je suis heureux que le tribunal ait partagé cette conviction.

Je prie Votre Altesse Impériale d’agréer l’hommage de mon respectueux dévouement.


(Dépêche télégraphique.)


Turin, le 4 mars 1861, 6 h. 30 m. s.

Son Altesse Impériale, le Prince Napoléon, Palais-Royal, Paris.

J’ai lu votre magnifique discours. Je vous en félicite et vous remercie au nom de l’Italie et au mien.

VICTOR-EMMANUEL.

  1. Procès du prince Napoléon et de la princesse Mathilde contre M. Bonaparte Patterson.