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Turin, le 7 janvier 1861.

Cavour au Comte Vimercati, Paris.

Par déférence envers l’Empereur, Sa Majesté le Roi accepte les dernières propositions de Paris. Aujourd’hui même, il donnera à Cialdini l’ordre :

1° De suspension des hostilités ;

2° De ne plus pousser les travaux d’approche au delà de la ligne actuelle (à Gaëte) ;

3° De ne plus mettre en batterie de nouvelles pièces d’artillerie. A moins que la place reprenne le feu avant le 19 janvier, Cialdini a ordre d’observer cette suspension jusqu’à la date susmentionnée.

Toute communication directe avec Gaëte étant impossible, pour régler l’armistice, le Gouvernement du Roi prie l’Empereur de vouloir bien communiquer à Cialdini les résultats de la démarche qu’il fera auprès du roi de Naples.

Cialdini se bornera, tant que durera la suspension, à empêcher que le mauvais temps ne gâte les ouvrages en terre.


Turin, 11 janvier 1861.

Monseigneur,

Le Roi a été charmé d’apprendre que Votre Altesse Impériale avait l’intention de lui faire une visite au commencement du mois prochain. Si Votre Altesse, après avoir demeuré quelque temps avec lui, laissera la princesse, sa fille, à Turin, Sa Majesté en sera fort reconnaissante à Votre Altesse.

Il est probable que le Roi ira passer les derniers jours du carnaval à Milan. Cette ville est ordinairement excessivement animée à cette époque : les fêtes du Carnavalone qui se prolongent cinq jours au delà du mercredi des Cendres, attirent beaucoup de monde de toutes les villes de la Haute Italie. Votre Altesse ne devrait pas nous quitter avant cette époque. Elle pourrait en outre assister à l’ouverture du premier Parlement italien qui aura lieu le premier lundi de carême. Cette cérémonie aura un grand intérêt politique et historique. A cette occasion, Votre Altesse pourra juger de l’état des partis dans notre Parlement. Et même, si elle juge que le ministère actuel est, à tout prendre, celui qui convient le mieux à la situation, elle