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(Dépêche télégraphique.)


Turin, 24 juin 1860, 10 heures 35.


A Son Altesse Impériale le prince Napoléon-Jérôme et à Son Altesse Madame la princesse Clotilde Napoléon.

J’arrive de Racconis, j’apprends la triste nouvelle [1] , je m’associe de tout mon cœur à tous vos chagrins.

VICTOR-EMMANUEL.


Turin, 25 juin 1860.

Monseigneur,

Je ne saurais résister au besoin d’exprimer à Votre Altesse Impériale la respectueuse et profonde sympathie que j’éprouve pour le coup terrible dont elle vient d’être atteinte. Connaissant l’affection que Votre Altesse portait à son digne père, je puis apprécier toute l’étendue de sa douleur. Qu’elle me permette de m’y associer au nom de la bienveillance dont elle m’a toujours honoré, et du souvenir des bontés dont le roi Jérôme m’a comblé.

La perte que Votre Altesse vient de faire sera sentie dans toute l’Italie ; car le roi Jérôme était, avec Votre Altesse, les meilleurs amis que nous eussions en France. Maintenant Votre Altesse est obligée de nous aimer pour deux. J’ose compter sur ce redoublement de bienveillance pour la cause de mon pays, et je prie Votre Altesse de compter, à son tour, sur le respectueux et profond dévouement avec lequel je suis

De Votre Altesse Impériale

le très humble et très obéissant serviteur,

C. CAVOUR.


Reçu à Paris, le 27 juin 1860.

Mon cher beau-fils,

La nouvelle bien triste que tu m’as envoyée hier soir me fit bien de la peine pour moi, pour toi, et pour Clotilde qui, je suis sûr, aura bien souffert de ce malheur à nous tous. J’aimais bien ton père ; en toutes occasions, il m’avait constamment donné tant de preuves d’affection, même de tendresse, et notre

  1. La mort du prince Jérôme-Napoléon, ancien roi de Westphalie, survenue le 24 juin 1860.