le 15 janvier 1876, un discours qui marquait le point de départ de sa nouvelle carrière. Il y répondait au programme que Jules Simon venait d’y exposer, avec sa puissante et fine éloquence, dans une réunion organisée par la Ligue de l’Enseignement. Ainsi, la bataille était engagée.
M. de Mun s’y était jeté avec toute son âme. S’il avait « déposé l’épée pour conserver la parole, » il disait bien haut qu’il avait « retenu du métier des armes le cœur et la voix d’un soldat. » Il était le soldat du Christ. Qui donc pouvait être insensible à la fierté de son accent ? « Je viens devant vous, n’ayant pas sans doute, pour me recommander à votre attention, l’éclat d’une couronne académique, ni l’autorité d’une des premières fonctions de l’Etat, mais cependant, confiant, dans la force de ma foi et surtout dans le nom que je porte et que tous, qui que vous soyez, vous êtes, j’en suis sûr, disposés à accueillir avec faveur, parce que ce nom a retenti d’un bout du monde à l’autre, et que la plupart d’entre vous se font gloire de le porter comme moi-même. Ce nom, qui nous confond tous dans une même famille, à l’heure de la naissance comme à l’heure de la mort, je veux le placer comme ma signature aux premiers mots de cet entretien : Je suis chrétien. » Cette belle profession de foi, ou, plutôt, cette déclaration de foi promettait. Nourri de Polyeucte, dont une citation terminait déjà un de ses discours, M. de Mun aurait, comme le héros de Corneille, méprisé « une foi morte. » La sienne était vivante et agissante. Elle le servit admirablement dans sa réponse à Jules Simon, qu’il proclamait à juste titre l’un des plus grands orateurs de notre temps, et dont il devait d’ailleurs, après des luttes passionnées, faire plus tard un si bel éloge en recueillant sa couronne académique. Pour le Christ et pour la France ! ce cri, qui résumait le discours du Havre, inspirait le programme dont M. de Mun se réclamait auprès des électeurs de Pontivy. « La question religieuse, y disait-il, domine de toute sa hauteur les questions politiques, » et il conviait tous les catholiques à se grouper entre eux et à déployer hardiment leur drapeau contre la Révolution.
M. de Mun était royaliste. Pourtant sa profession de foi se taisait sur la question constitutionnelle. Ce silence n’était pas une abdication. Catholique avant tout, le candidat ajournait, sans les renier, ses espérances monarchiques pour se couvrir