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d’excellentes dispositions) au couvent de la Vierge de la Prairie, le 13 février 1798. On voit encore, dans l’église Saint-Joseph du village de Gosta, sous une couronne et trois fleurs de lys, deux inscriptions latine et arabe attestant que cet édifice fut élevé grâce à la munificence de Louis XV, roi de France, pour les religieuses du Sacré-Cœur.

Que penser de cette religieuse arabe ? Ai-je tort de croire qu’avec elle, avec ses folles suivantes et la foule émue qu’elles mettaient en mouvement, les fantômes de tout un monde évanoui remontent à la surface de la conscience libanaise ? Ce fut l’inquiétude des Jésuites et, pour finir, le jugement de Rome. Bien qu’elle ait introduit la grande dévotion catholique du Sacré-Cœur dans la nation maronite, Hendiyé est demeurée suspecte. Mais je ne juge pas son orthodoxie, je la retiens pour son ivresse et sa faculté de troubler la montagne. Je voudrais qu’on nous fournit une collection de fleurs animées du Liban, un riche herbier vivant. Pour comprendre Hendiyé, je songe à Marie l’Arabe, cette petite religieuse syrienne qui, de nos jours, émerveilla le Carmel de Pau, et qui mourut en odeur de sainteté à Bethléem.

Marie l’Arabe, toute petite, devant des cadavres d’oiseaux, dans son verger de Palestine, prit soudain de la brièveté de toutes choses et de l’inutilité de ce qui ne dure pas toujours, un sentiment intense jusqu’à la douleur, qui ne devait plus jamais la quitter. Elle vécut comme une hostie, participant aux souffrances des peuples, des individus, des bêtes, des arbres, des plantes et même de la terre, trop desséchée ou inondée. Cependant il lui suffisait de descendre au jardin, pour que les fruits, les fleurs, les papillons lui missent l’âme en fête, et des cantiques se formant dans son cœur jaillissaient de ses lèvres vers le ciel. Le spectacle de la montagne ou de la mer la jetait dans le ravissement. Il arriva souvent qu’au cours de ses extases, elle s’élançât à la cime des arbres ; ses compagnes, en levant la tête, la voyaient perchée sur les tilleuls du couvent, à une hauteur prodigieuse, et qui passait d’un arbre à l’autre sur de petites branches qu’un oiseau aurait fait plier. Revenue à terre, elle embrassait les religieuses avec une sorte d’ivresse. De même que sa pensée s’échappait en cantiques irrésistibles et que, parfois, tout entière, corps et âme, sans en avoir connaissance,